Les femmes du Québec proposent au Chantier de l’économie sociale d’adopter un projet de Charte.
L’égalité femme-homme (ÉFH) comme condition pour un bon développement de l’économie sociale et solidaire (ESS) est un thème qui a mené plusieurs groupes à entreprendre des actions pour remédier aux enjeux des inégalités actuelles. Pour ce faire, il serait souhaitable que tous les réseaux, œuvrant dans l’économie sociale et solidaire, se dotent d’une charte qui prônerait l’égalité des genres, comme la charte suivante.
Le groupe de travail « Femme et économie sociale et solidaire (ÉSS) » qui a organisé un atelier dans le cadre du GSEF 2016, donne un bon exemple de ses actions posées en proposant cette charte à leur réseau qui vise à mettre en l’avant des faits réels et inégalitaires que vivent les femmes dans l’économie sociale et solidaire. Elle a également pour but de présenter le rôle des femmes dans l’environnement de l’économie sociale, d’aider et encourager les femmes à prendre part dans l’entrepreneuriat collectif et surtout d’assurer l’égalité des genres dans les institutions présentes.
Charte pour l’égalité entre les femmes et les hommes en économie sociale au Québec
Considérant que les femmes représentent 71 % de la main-d’œuvre en économie sociale au Québec et que celles-ci jouent un rôle prépondérant au sein de l’économie sociale, tant comme fondatrices d’entreprises, administratrices, salariées et bénéficiaires ;
Considérant que, malgré le rôle économique, social et politique majeur des femmes en économie sociale au Québec, l’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas acquise tant en matière d’égalité salariale, de diversité des choix de carrières ou encore d’accès aux ressources économiques et politiques. Que cette même égalité n’est pas ou peu documentée tel qu’en atteste l’absence de données genrées ou d’études en la matière. Que la discrimination systémique vécue par les femmes existe aussi en économie sociale ;
Considérant, sur le plan international, que les femmes représentent plus de 50 % de la population, qu’elles fournissent 67 % des heures de travail, mais ne gagnent que 10 % du revenu et sont donc les premières touchées par la pauvreté et la précarisation ;
Considérant que l’ÉSS, avec comme objectif de favoriser l’efficacité, l’égalité et le développement durable, possède des atouts pour résorber ces inégalités (structures démocratiques, changement social, primauté des individus sur le capital etc.) ;
Le Chantier de l’économie sociale, ses administrateurs et administratrices, membres et partenaires s’engagent :
- À assurer la transversalité d’une perspective de genre dans ses politiques et ses projets, notamment par la mise en œuvre systématique de l’Analyse différenciée selon les sexes (ADS) lors de la mise en œuvre de ses projets ;
- À reconnaitre et souligner le rôle des femmes en économie sociale notamment en diffusant les données genrées disponibles et en adoptant une communication non-sexiste sur ces plateformes web, réseaux sociaux et autres outils promotionnels ;
- À documenter, tant sur le plan qualitatif que quantitatif, la question des femmes en économie sociale ou à soutenir et promouvoir cette veille informative auprès des partenaires disposant de cette expertise pour le faire ;
- A soutenir l’entrepreneuriat collectif au féminin au Québec, dans la continuité du projet mené sur cette thématique par le Chantier, en adaptant les modes de financement actuels aux besoins des femmes et en établissant des collaborations avec les réseaux et les organisations qui accompagnent les femmes entrepreneures en s’appuyant sur une approche systémique adaptée aux femmes ;
- À s’outiller sur la question de l’égalité et de ses enjeux dans le secteur de l’économie sociale puis à former et sensibiliser les acteurs et actrices de l’économie sociale sur ce thème ;
- À assurer l’égalité et la diversité au sein même de leur structure que ce soit dans les espaces de gouvernance, les instances décisionnelles ou encore au sein des équipes de travail (parité et diversité au sein du C.A, égalité et équité salariale, politique de conciliation famille-travail, politique d’égalité et de diversité au sein des ressources humaines etc.) ;
- À favoriser la création de lieux de concertation et d’échanges pour aborder la question de l’égalité tant au niveau international, provincial, régional et local, notamment en misant sur des alliances avec le mouvement des femmes ;
- À se doter d’indicateurs adaptés pour assurer la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des engagements précédemment nommés.
Cette charte s’inscrit dans la continuité des actions menées en matière d’égalité en économie sociale et s’inspirent des réflexions et recommandations émises telles que :
L’activité « Femmes au cœur de l’économie sociale et solidaire » tenue le 17 octobre 2011 à Montréal dans le cadre du Forum international de l’économie sociale et solidaire (FIESS)
La déclaration de Manille approuvée par la 5ème Rencontre de l’économie sociale solidaire d’octobre 2013
Le Rapport final du Groupe de travail « Femmes et ESS » : L’égalité femme-homme, une condition essentielle au développement de l’économie sociale et solidaire de décembre 2016
L’égalité femme-homme, une condition essentielle au développement de l’économie sociale et solidaire!
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