Près de 200 personnes se sont réunies le 23 février pour écouter et débattre des enjeux futurs pour les différents acteurs de l’économie sociale et solidaire. La société civile, les syndicats, les petits producteurs et entrepreneurs, les coopératives, l’OIT et les autres agences de l’ONU, les États, les organismes régionaux et les autorités locales, suite aux conclusions générales de la Conférence internationale du travail 2022 et au plan d’action de l’OIT sont tous parties prenantes et sensibles à l’adoption de changements suite à la déclaration naissante de l’ONU.
Pendant environ deux heures, des intervenants de renom ayant une expérience dans les domaines d’action des acteurs mentionnés ci-dessus ont discuté des impacts positifs et des défis possibles pour les organisations de terrain de l’économie sociale et solidaire. En outre, de nombreuses personnes ont pu clarifier leurs doutes dans un chat où des questions étaient constamment posées et répondues, dont une très bonne à laquelle notre coordinatrice intercontinentale Judith Hitchman a répondu sur les interconnexions entre la souveraineté alimentaire et l’ESS : les chaînes d’approvisionnement courtes, telles que l’agriculture soutenue par la communauté (CSA), contribuent grandement à l’ESS et à la réalisation de la souveraineté alimentaire. L’agroécologie inclut l’ESS parmi ses indicateurs (FAO 2018). Sur la question de l’accès à la terre, il y a plusieurs réponses : premièrement, les trusts fonciers communautaires protègent les terres de la spéculation. Ensuite, la population agricole mondiale est vieillissante, les dispositifs de formation collective pour accompagner les jeunes agriculteurs dans l’accès à la terre sont donc essentiels. Il existe également un mouvement mondial de « nouveaux agriculteurs » dont les projets sont souvent étroitement liés à l’ESS et aux filières courtes. Le soutien des autorités locales est également essentiel pour atteindre la souveraineté alimentaire et l’accès à la terre. Judith a également ouvert le webinaire par une introduction résumant l’activité de Ripess et la situation actuelle de l’ESS.
Grâce au travail d’équipe que Ripess Intercontinental a réalisé avec WIEGO, WSM et JOVI, ce webinaire a eu lieu. Des voix très pertinentes dans l’écosystème international de l’ESS, comme Simel Esim, chef du département des coopératives de l’Organisation Internationale du Travail, ont souligné l’importance du processus de l’ONU pour l’OIT et son ouverture à travailler ensemble pour atteindre les objectifs communs de travail décent et de protection sociale pour tou.te.s les travailleur.e.s ; Toni Moore, secrétaire général de l’Union des syndicats de la Barbade et représentant syndical international lors de la dernière CIT, a souligné l’importance des syndicats dans la lutte collective contre les crises majeures actuelles, qui peuvent être abordées en transformant l’ESS par l’économie circulaire, le collectivisme, le travail en commun et dans lequel les syndicats se reconnaissent.
En plus, des représentant.e.s du terrain, des praticien.ne.s de l’ESS et des mouvements populaires internationaux de l’Inde, du Mali et du Chili ont été invité.e.s à exprimer leurs préoccupations, leurs besoins et les forces du système transformateur qu’est l’ESS, ainsi qu’à apporter quelques bonnes pratiques.
De Mali, notre coordinateur africain, Madani Cumare, qui travaille également avec le RENAPESS, le réseau national d’appui à l’ESS au Mali et membre du Ripess, a déclaré que « quand on parle d’ESS, on parle de petits producteur.e.s dans la chaîne de valeur agricole, de petit.e.s pêcheur/se.s, de petit.e.s artisan.ne.s, de migrant.e.s, de travailleurs de l’économie informelle en transition… Bref, on parle de catégories sociales qui ont le plus besoin de protection sociale, et cela devrait être une constante dans toutes les politiques et stratégies publiques. Lorsque nous parlons de protection sociale, nous parlons de sécurité, de salaires, d’accès aux soins de santé’.
Outre Madani en tant qu’expert de terrain et Judith en introduction, Yvon Poirier, collaborateur historique et représentant du Ripess Intercontinental dans diverses arènes, a présenté la chronologie de la Task Force de l’ONU sur l’ESS (UNTFSSE) et a souligné l’importance du travail en réseau de plaidoyer, pour lequel la UNTFSSE est centrale. Puis ce fut le tour de Chantal Line Carpentier, chaise de cette TaskForce, qui a expliqué les perspectives actuelles et futures des négociations de la Résolution de l’ONU sur l’ESS.
Après les interventions des collègues sur le terrain du Kerala, Sonia George, représentante d’une organisation de femmes dans le travail informel, s’est concentrée sur les soins de l’ESS ; Federico Parra, de WIEGO, l’organisation des femmes dans l’emploi informel, a présenté le chiffre selon lequel plus de 61% de la main-d’œuvre active dans le monde se trouve dans des conditions d’emploi informel, soit 2 milliards de personnes. Beaucoup de ces personnes se sont regroupées de manière autonome dans des formes juridiques de l’ESS (associations, coopératives, mutuelles, groupes d’entraide, syndicats et autres) car les valeurs de l’ESS sont centrées sur le bien-être de ces travailleurs. Après l’exemple concret du Chili, c’était au tour des conclusions avec Victor Van Vuuren, ex-Directeur à l’OIT, qui a souligné qu‘il y a une énorme lacune dans les mouvements de base quand il s’agit de comprendre l’ESS.
Le webinaire a fait l’objet d’un zoom avec traduction simultanée en russe, anglais, français et espagnol et vous pouvez le revoir ici dans les langues originales.