L’Association internationale des investisseurs de l’économie sociale (INAISE) tenait sa conférence annuelle à Montréal du 11 au 13 mai dernier. Environ 180 participants étaient présents. Cette association regroupe divers types d’institutions de la finance sociale et solidaire au niveau international, allant d’institutions financières coopératives comme la Caisse d’économie solidaire Desjardins, Banca Etica en Italie, à des banques éthiques comme Triodos Bank au Pays-Bas et Community Sector Banking en Australie. Plusieurs institutions de la microfinance, comme Oikocredit ou le réseau africain MAIN en sont également membres. La liste complète, avec des membres dans tous les continents, se retrouve sur le site web. Historiquement, les relations sont étroites entre l’INAISE et le RIPESS, et ce depuis au moins 2004.
La conférence de cette année portait sur le thème Contributions, promesses et défis.
>> Voir sur ce lien l’ensemble des présentations et programme.
Entre autres, des sessions plénières ont portés sur les sujets suivants :
- Les outils financiers pour l’autonomisation et le développement économique solidaire et responsable ;
- Les coopératives et leur rôle en économie sociale et dans le développement local ;
- L’agriculture familiale et les chaines de valeur ;
Par la suite, les participants ont échangé, en atelier, sur l’économie sociale et l’entrepreneuriat féminin, l’économie sociale et le développement durable ainsi que sur les coopératives d’épargne et de crédit.
L’avant dernière session a porté sur les Fondations et leur soutien à l’économie sociale. Habituellement les Fondations octroient des dons en fonction de leurs mandats. Ces dons proviennent des revenus sur les investissements et les intérêts. Ce qui est nouveau est que des Fondations se dotent de politiques d’investissement responsable et même dédient une partie de leurs fonds à des fonds de capital patient pour des entreprises de l’ESS. Un des freins à cette pratique se situe au niveau juridique, lois et règlements, qui empêchent ou restreignent le développement de telles pratiques.
Le RIPESS était invité afin de participer à la table ronde Les réseaux internationaux : convergences, opportunités, défis. Six organisations de l’économie sociale et de l’ESS y ont pris la parole :
- Milder Villegas – Président d’INAISE
- Gérald Larose – Vice-Président – Rencontres du Mont-Blanc
- Alain Arnaud – Président CIRIEC international
- Laurence Kwark – Secrétaire général – GSEF (Forum global de l’économie sociale)
- Yvon Poirier – RIPESS
- Claire Brodin – Épargne sans frontières (France)
La table ronde était animée par Chantal Line Carpentier du bureau de New York de la CNUCED – Conférence des Nations Unis pour le Commerce et le Développement. Elle était connue par la plupart des organisations présentes car elle avait pris la parole lors de la rencontre du Groupe pilote international sur l’ESS le 28 septembre dernier à New York. Après un tour de table de présentation de chaque organisation, expliquant qui elles sont et ce qu’elles font, chacun a exprimé sa vision de la collaboration. Tous ont exprimés leur volonté de collaboration pour faire avancer les alternatives, que l’ESS représente.
Au nom du RIPESS, j’ai exprimé notre volonté de poursuivre les collaborations que nous avons déjà, même si elles peuvent être variables, avec les organisations présentes. C’est en particulier le cas avec l’INAISE, les RMB et le GESF qui représentent des acteurs de l’ESS. J’ai précisé que nous n’avons pas encore de relations avec le CIRIEC International, ni avec Épargne sans frontières, qui sont plus dans la recherche, mais que nous étions disposés à en avoir.
Après avoir insisté, au nom du RIPESS, qu’il était important de construire le mouvement à chaque niveau, local, régional, national et international, afin de mettre de l’avant un modèle de développement alternatif au capitalisme et aux économies étatiques, une clarification est devenue nécessaire. En effet, l’intervenant suivant, Alain Arnaud du CIRIEC est intervenu pour dire que de son point de vue l’ÉSS préconise une économie plurielle, qu’elle vise à se faire une place à côté de l’économie privée et de l’économie publique. Avant d’avoir eu l’occasion de faire une mise au point, Gérald Larose des RMB a exprimé une position similaire à celle du RIPESS. Il a répliqué en disant que l’on pouvait effectivement avoir une pluralité dans la forme d’entreprise, mais qu’en tant que système, on ne pouvait pas parler d’économie plurielle. Pour lui, il faut effectivement parler d’un modèle alternatif au capitalisme en tant que système.
Nous sommes reconnaissants que l’INAISE ait occasionné cet esprit de collaboration, qu’il faut continuer….
Note rédigée par Yvon Poirier -membre du Conseil d’administration du Réseau intercontinental de promotion de l’économie sociale solidaire (RIPESS)